Monter une laiterie à Mogadiscio n'a rien d'évident. Les attentats à la voiture piégée secouent régulièrement la capitale somalienne, l'électricité est une denrée coûteuse et la majorité des Somaliens ne boit pas de lait de vache. Mais Abdulkadir Mohamed Salad, qui a passé la plupart de sa vie réfugié en Angleterre, où il fut employé dans une laiterie, est convaincu que son affaire peut fonctionner dans ce pays où le bétail abonde et où des tonnes de lait en poudre sont importées chaque année. "Au premier abord, il est difficile d'investir dans un environnement hostile comme la Somalie et, par ailleurs, peu de gens s'y connaissent ici dans l'industrie laitière," concède M. Salad, 40 ans, dans les modestes locaux de son entreprise où une machine en acier inoxydable pompe le lait dans de petits sachets bleus.
De mauvaises pratiques sanitaires par le passé ont conduit de nombreux Somaliens à considérer que le lait de vache est mauvais pour la santé et à lui préférer du lait de dromadaire ou du lait en poudre. Salad a quitté la Somalie peu après la chute du président Siad Barre et de son régime militaire en 1991, qui a plongé le pays dans la guerre civile et l'anarchie totale, mettant à mal les institutions gouvernementales et l'économie.
Il a été chauffeur de taxi avant de travailler dans une laiterie de Leicester, où sa femme et ses enfants sont toujours installés.
Face à la quantité de bétail dans le pays, Salad a été frappé par l'absence criante d'entreprises de transformation de lait. Avec deux associés, il a ainsi décidé d'ouvrir sa propre société en 2017, appelée Irman Dairy.